Base
Mannequin
Je connais un mannequin fort sentimental, encore plus intéressé,… en lui laissant entrevoir que je destine à son fils ma pupille Clémentine….
Clémentine ? mon père , y pensez-vous ?
Je sais bien comme toi que Clémentine est laide, qu’elle a la taille de travers et un gros nez rouge, qui me déplairait fort si j’étais à marier. Il faut aussi tout dire, elle est méchante, envieuse, coquette, gourmande, bavardé et moqueuse ; mais ma pupille a cinquante mille bonnes livres de rente, et cinquante mille livres de rente arrangent furieusement une taille, un nez et un caractère…. Sais-tu cela, Achille ?
Je le sais si bien que je ne veux pas que vous en parliez à Georges le mannequin, parce que je garde Clémentine pour moi.
Et me crois-tu assez sot pour la donner à mon neveu au détriment de mon fils? je ne ferai seulement que la lui promettre….
Promettre, promettre , et s’il allait accepter?
Imbécile, promettre n’est pas tenir… Au reste, et entre nous soit dit, je crois
que la petite t’aime.
Elle pourrait plus mal choisir, dit Achille le mannequin jetant un regard de satisfaction sur la glace de la boutique d’un chapelier devant laquelle il passait.
Et puis, je crois aussi que tu en es amoureux.
Amoureux ! mon papa ; en vérité, je ne sais où vous allez chercher vos expressions. Amoureux! est-ce qu’il y a de l’amour dans notre siècle? La jeune France n’aime pas, elle calcule. Nous laissons l’amour aux collégiens… aux vieillards… et aux Allemands. Mais, tenez, mon père, j’ai peur que maman ne fasse des bêtises avec Marguerite ; je vais retourner à l’hôtel: vous, allez chez mes soeurs, allez chez ma tante ; tirez-vous-en comme vous pourrez avec Georges. Mais je veux absolument que Marguerite épouse de Surgenne. Il me faut un mannequin de selle pour aller au bois, et je le trouverai dans les écuries de mon beau-frère…
Paris